Interview de Virginie RASCON, Sous-directrice de la maîtrise d’ouvrage Unédic et Jacques TESSIER, Direction Développement et Ancrage des Pratiques de Pôle Emploi
15 novembre 2022
SDDS : Pouvez-vous vous présenter, ainsi que vos fonctions ?
Virginie Rascon : Je travaille au service de l’Assurance chômage depuis 1994. A partir de 2018, j’ai été directrice de projet sur la DSN et actuellement, suite à une réorganisation et à la nécessité de renforcer l’équipe, je suis sous-directrice de la maîtrise d’ouvrage de l’Assurance chômage au sein de la Direction des services numériques et de la stratégie de la donnée de l’Unédic. Nous assurons la maîtrise d’ouvrage stratégique de gros projets, dont la DSN, qui est un des projets majeurs sur lesquels nous avons des échanges fréquents avec la SDDS.
L’Unédic est une association pilotée par les partenaires sociaux, qui négocient les règles du régime d’assurance chômage et veillent à leur bonne application. Son rôle est de garantir un haut niveau de qualité de service par les opérateurs, de la sécurisation des opérations de recouvrement au versement des allocations et le suivi personnalisé des demandeurs d’emploi. Nous travaillons ainsi étroitement avec nos opérateurs de gestion qui sont l’Urssaf Caisse Nationale, la MSA et Pôle Emploi. Plus globalement, l’Unédic, en tant que gestionnaire du régime d’Assurance chômage, a vocation à protéger les parcours professionnels au plus près des réalités de l’emploi. Il s’agit de répondre aux besoins des actifs et des entreprises, que ce soit en période de crise ou de reprise économique.
Jacques Tessier : J’ai en charge, depuis plusieurs années, des projets autour de l’acquisition, des échanges et des flux de données. Dans ce cadre-là, j’ai rencontré la DSN en 2006, au moment où le projet de simplification des démarches était encore dans les limbes. A l’époque, l’Unédic était positionné comme un pilote autour de l’idée de simplifier les démarches déclaratives.
J’ai participé à la fusion des DSI Pôle Emploi et Unédic. J’ai conduit, dans le cadre du programme sur la transparence du marché du travail, les évolutions de la plateforme de données de Pôle Emploi pour rapprocher l’offre et la demande d’emplois, y compris de partenaires extérieurs, participant ainsi à l’ouverture des données pour remplacer un certain nombre de procédures et pour alimenter un certain nombre de statistiques. Depuis quelques temps déjà, j’ai donc eu l’occasion d’installer avec Virginie une collaboration étroite.
Dès le départ, avez-vous eu la SDDS comme interlocuteur dans vos missions pour la mise en place de la DSN ?
Virginie Rascon : Je suis entrée sur le projet DSN en 2012. Comme le soulignait Jacques, la donnée DSN est importante pour sécuriser le recouvrement des contributions et cotisations et l’attribution des prestations. L’accès aux données permet aussi d’alimenter et de produire des études et analyses de l’Unédic. C’est une aide au pilotage précieuse. Or, ces données sont issues des logiciels de paye. Donc, travailler avec la SDDS -qui siège aussi au niveau du GIP-MDS, dont l’Unédic et le Pôle emploi sont membres fondateurs- s’est fait très naturellement dès 2011, avec la préoccupation de la qualité des informations qui sont transmises. La SDDS est un interlocuteur clé qui permet de centraliser, communiquer et rechercher des solutions opérationnelles. Nous travaillons de manière très proche avec elle car il s’agit d’un acteur majeur et précieux, avec qui la collaboration est fructueuse pour la satisfaction de tous les acteurs, de l’entreprise jusqu’au bénéficiaire de prestations.
Jacques Tessier : Pour ma part, nos échanges avec la SDDS ont débuté en 2011. Comme nous débutions par l’installation du dispositif piloté par le GIP-MDS, Pôle Emploi a senti très tôt le besoin d’accentuer ce partage et cette démarche de co-construction. Nous avons toujours souhaité et agit pour avoir une proximité importante, efficace et opérationnelle avec les éditeurs. Ce dialogue s’est installé au fil du temps. Sur les derniers travaux et notamment dans le cadre du FCTU, nous avons pu faire évoluer des solutions techniques du GIP que nous ne partagions pas, grâce à des réunions avec la SDDS directement, réunions qui ont été reprises par le GIP. Une réunion mensuelle a été ajoutée sur ce sujet spécifique. On a pu en saisir tout de suite les effets, avec une collaboration entre Pôle Emploi, l’Unédic et les éditeurs pour un déploiement progressif, poursuivie par des réunions bilatérales pendant lesquelles on évoque des sujets, des anomalies déclaratives… On est dans une démarche opérationnelle de coopération des solutions et de compréhension mutuelle. Cela nous permet d’identifier des contraintes, des difficultés des déclarants ou des usages de la paye qu’on n’avait pas identifiés. C’est extrêmement précieux dans le cadre des travaux que nous menons. Cet échange nous a permis de construire un discours en interne, vers notre réseau. Ça a permis de repositionner à sa juste mesure les travaux, les demandes et faire prendre conscience des difficultés des déclarants.
Virginie Rascon : L’importance de la SDDS, en tant que relai et informateur, nous offre de la visibilité. Les échanges qui ont été établis sur la conception choisie par le GIP-MDS nous ont permis de partager sur de nouvelles solutions. La SDDS a un poids suffisamment important pour que les préoccupations soient généralement entendues du côté du GIP-MDS et du côté de l’État. Plus nous allons avancer dans l’usage des données acquises de l’employeur et plus la SDDS va être un acteur primordial dans la sécurisation de la qualité et la communication des données aux organismes, afin que ceux-ci puissent remplir leurs missions. Nous sommes tous bénéficiaires de ce travail collaboratif qui se déroule très bien et devient de plus en plus officiel.
Quand avez-vous senti ce passage dans ce côté officiel ?
C’est l’installation des instances. Une fois que la solution a pu être poussée et reprise par le GIP-MDS. Pôle Emploi, l’Unedic et la SDDS portaient et portent les mêmes types de préoccupations auprès des mêmes instances. En dehors des instances, il est devenu plus naturel de pouvoir échanger et nous solliciter mutuellement. Les questions qui concernent l’Assurance chômage sont adressées directement soit à Pôle Emploi, soit à l’Unédic, soit au GIP-MDS. Je pense que c’est en bonne intelligence que nous fonctionnons avec des trajectoires qui sont adaptées, avec un partage et une recherche de solutions constructives pour tous.
Jacques Tessier : Je pense que c’est le principal point. On est passé d’une situation où il y avait des instances dans lesquelles on pouvait partager, mais avec un certain sentiment de frustration, parce que certaines solutions qui étaient proposées par le GIP ne nous satisfaisaient pas. On sentait bien qu’en face les éditeurs n’étaient pas non plus satisfaits des solutions proposées. Il n’y avait pas de travail systématique, sous forme d’ateliers. On a montré qu’on pouvait travailler en direct avec les éditeurs, donc avec la SDDS. Le GIP s’est alors intéressé à notre travail commun puisqu’on leur proposait des éléments convergents, en ayant trouvé des alliances réciproques. On a ainsi poussé le GIP à comprendre tout l’intérêt d’échanges réguliers, en amont de toutes nouvelles évolutions.
Auriez-vous une anecdote à nous partager sur votre collaboration avec la SDDS ?
Jacques Tessier : Pour illustrer les évolutions actuelles en termes d’échanges et de dialogues, j’ai un souvenir autour du FCTU, avec une solution technique proposée par le GIP extrêmement complexe. Avec l’aide de la DGEFP (Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle), on avait provoqué une réunion en plénière avec la SDDS. On a pu exposer notre solution -celle actuelle- que refusait le GIP depuis 2014. Un éditeur a dit : « Mais pourquoi ne s’intéresse-t-on pas à la solution de Pôle Emploi ? ». Il y a eu une voix, puis deux… disant que c’était intéressant. A partir de là, alors qu’on était habitué à sans cesse relancer, réexpliquer… soudainement les idées fusaient de tout côté. Ce fût une séance reposante où je n’ai quasiment pas eu à intervenir : les éditeurs se sont chargés de défendre la solution de Pôle Emploi et de l’Unédic ! C’est le symbole des résultats que l’on pouvait obtenir en adoptant une démarche d’échanges, très en amont avec les utilisateurs. Je suis persuadé -et Virginie aussi- que plus tôt on associe les utilisateurs, mieux on détecte les impasses dans lesquelles on risque de s’engouffrer.
Pour conclure, je vous propose de nous transmettre une information plus personnelle pour que les membres de la SDDS vous connaissent mieux. Quels sont vos loisirs ? Quelles sont vos passions ?
Jacques Tessier : C’est une forme de continuité avec mon activité professionnelle. Parallèlement à mon rôle de pilote de la DSN pour Pôle Emploi, j’ai aussi en charge un projet d’intelligence artificielle. C’est une passion. Dans le cadre d’associations, j’anime des conférences de vulgarisation de sensibilisation à l’intelligence artificielle. C’est un enjeu citoyen fort sur le sujet. Je dessine aussi, plutôt des bandes dessinées. Je m’occupe de mes enfants –cela m’occupe bien aussi- et je lis énormément. Dans un cadre associatif, j’essaye de sensibiliser également autour de la pratique du doute, dans la lutte contre les fake news, ce qui est en lien aussi avec l’intelligence artificielle. Nous sommes dans une époque où revenir à une démarche scientifique, rationnelle et d’analyser ses sources est important.
Virginie Rascon : Je confirme les propos de Jacques : je suis aussi chargée de famille et je confirme que cela occupe. Par ailleurs, j’ai débuté le piano il y a 4 ans. J’écoute beaucoup France Culture avec les débats politiques, les actualités. Je lis aussi, fais un peu de sport –plus en hiver qu’en été, plutôt pas assez que trop !…- et j’aime les expositions, le cinéma, la danse, les jeux. J’aime faire des choses qui me ressourcent – musique, culture, voyages, amis et famille – et je trouve toujours que les week-ends sont trop courts, non ?