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Interview de Jean-Nicolas Nabet, Président Directeur Général de YEAP

08 octobre 2021

Quel est le parcours qui vous a conduit à la création de Yeap ?
Depuis 1991, je travaille dans la paye ! J’ai un parcours atypique, je suis autodidacte. J’ai passé 17 années chez Micromegas, avec la paye Pegase, vendue au Groupe ADP en 2006. J’ai ensuite créé la paye d’Ibiza Software, dans une filiale en 2008, vendue à Deloitte en 2013, que j’ai accompagné jusqu’en 2018.
La paye chez moi, c’est familial ! Parce que Micromegas c’était l’entreprise de mon oncle, Alain Vander-Ham, et que son frère jumeau, Jean-Pierre, était le directeur commercial de AmiPaye entre 1970 et 1980. C’était donc assez naturel pour moi d’aller vers ce secteur !

Comment avez-vous connu la SDDS ?
Je connais la SDDS depuis ses débuts, en tant que regroupement d’éditeurs pour parler d’une même voix face aux représentants de l’administration publique. Depuis sa création, son travail a fait évoluer la qualité des relations entre les éditeurs et l’administration.
J’avais déjà pris contact avec Isabelle (Van Cauwenberge) lorsque j’étais chez Ibiza Software (une autre personne a terminé les démarches d’adhésion de l’entreprise après mon départ). Récemment, j’ai appelé Emmanuel (Prevost), avec qui j’ai travaillé chez ADP. On se connaît bien, on a même fait une tournée clientèle tous les deux, dans la même voiture !
L’admission de Yeap a été simple. Je me suis présenté aux membres du bureau lors d’une réunion et ma candidature a été acceptée.

Quelles sont les motivations qui vous ont fait rejoindre la SDDS ?
Ce sont les mêmes que celles que j’avais déjà lors de mes premières démarches pour Ibiza Software. Elles sont claires : en tant qu’éditeur, on ne peut pas rester isolé et il faut se tenir en permanence informé. De plus, nous souhaitons ajouter notre expertise de la paye au service du collectif, pour que la norme s’oriente toujours dans le bon sens.
J’ai reçu la liste des Groupes de travail. Nous avons peu de temps disponible actuellement mais nous saurons nous impliquer sur tous les sujets importants de la partie Paye.

Pouvez-vous nous présenter Yeap ?
Notre ambition est de révolutionner l’univers de la paye. C’est ambitieux et on va s’en donner les moyens. Nous nous adressons aux producteurs d’importants volumes de bulletins de paye, comme les gros cabinets comptables qui vont gérer des milliers de petits dossiers. Les entreprises de 10 000 salariés ne sont pas notre cible. Nous devons déjà faire a minima ce que propose Sylaé, avec la modélisation légale et conventionnelle, tout le juridique qui doit être maintenu par l’éditeur. Notre vision est une approche industrielle, qui va nous démarquer des autres outils.
On va permettre aux gestionnaires de paye de travailler sur une console où, chaque matin, ils pourront aller à l’essentiel, avec un algorithme qui donne l’indice de santé de chaque dossier et fait remonter les problèmes. Le système tient compte de tous les paramètres de ce qu’on appelle la carte de service, qui présente le descriptif du workflow social, c’est-à-dire toutes les étapes de la chaîne sociale (avec les dates, ce qui est de l’ordre de l’obligatoire et du facultatif, les personnes intervenantes, les sous-traitants…). Si le dossier passe dans le rouge, il remonte à l’attention du gestionnaire pour qu’il intervienne.
Nous exploitons les dernières technologies, la CI/CD*, sans aucune contrainte de devices (nous sommes en progressive web App). C’est utile pour qu’un expert-comptable, lorsqu’il est en déplacement, puisse consulter l’état de santé de ses pôles de production à partir du tableau de bord. De plus, un salarié pourra se connecter à Yeap, depuis son mobile, pour signaler qu’il est malade par exemple. Nous sommes en haute disponibilité, avec deux Datacenters, chez un hébergeur français, pour s’affranchir du Patriot Act* et sécuriser les données.

Est-ce que la crise sanitaire a impacté votre développement ?
Nous avons démarré en novembre 2019. Les membres de l’équipe à mes côtés au démarrage, je les connais depuis 10, 15, 20 ans. Ce sont des fidèles qui m’ont suivi. On a télétravaillé à plein temps pendant les périodes de confinement. Par la suite, on a dû recruter et on a organisé des phases de présentiels au bureau, pour créer de la cohésion d’équipe avec les nouveaux arrivants. Aujourd’hui, la crise sanitaire est un peu derrière ; on est à 2 jours de présentiel par semaine et j’ai accepté que certains collaborateurs soient à 100% en télétravail chez eux. Cela ne pose pas de problème car les développeurs peuvent facilement télétravailler. Les contraintes sanitaires auraient eu plus d’impact si nous avions été en phase de commercialisation.
Nous avons recruté 8 personnes depuis le début de l’année. Ils viennent de Paris, de Tours, d’autres de la région Lyonnaise. Ce sont des gens qui avaient envie de bouger ; le confinement n’y est pas étranger certainement. Je les ai tous recruté en Visio. Ce n’était pas simple, mais c’est dans notre culture, on est tous assez geek !

Quelle est la prochaine étape pour Yeap ?
Nous avons la chance de ne pas être pressés par nos investisseurs et travaillons avec eux en toute transparence sur les phases de développement. Nous parlons le même langage. Nous avons pu créer la V1 en un an et demi, ce qui est déjà rapide, car nous savons faire les raccourcis et avons une idée très claire de ce que nous voulons faire et ne pas faire.
Nous lançons cette V1 au 76e Congrès annuel de l’Ordre des Experts-Comptables à Bordeaux, le 6 octobre. Cette version calcule les payes, elle fait les bulletins, c’est déjà très intéressant, mais elle n’est pas encore prête à être mise en production ; il reste plusieurs fonctionnalités connexes à finaliser. On va faire tourner cette version, à partir de fin octobre, chez nos associés qui produisent de nombreux bulletins de paye.
A partir de janvier 2022, nous mettrons des dossiers en production avec quelques clients, en production partielle. Bien sûr, nous restons prudents sur la date, car la paye est un univers exigeant et ne souffre d’aucun à peu près. Quelques cabinets pourront être en full production aux environs du mois de juin. La commercialisation est lancée. Je fais quasiment une démonstration par jour actuellement. Le bouche-à-oreille fonctionne bien, les clients arrivent. Nous monterons en puissance l’année prochaine, avec pour objectif une pleine production fin 2022. Nous saurons dans deux ans si nous avons réussi le pari que nous nous sommes lancés.

Merci. Le RDV pour une prochaine interview dans deux ans est donc déjà programmé !

*L’approche CI/CD permet d’augmenter la fréquence de distribution des applications grâce à l’introduction de l’automatisation au niveau des étapes de développement des applications. L’approche CI/CD représente une solution aux problèmes posés par l’intégration de nouveaux segments de code pour les équipes de développement et d’exploitation.
Le « CI » de CI/CD désigne l’« Intégration Continue », à savoir un processus d’automatisation pour les développeurs. L’intégration continue consiste, pour les développeurs, à apporter régulièrement des modifications au code de leur application, à les tester, puis à les fusionner dans un référentiel partagé. Cette solution permet d’éviter de travailler en même temps sur un trop grand nombre d’éléments d’une application, qui pourraient entrer en conflit les uns avec les autres.
Le « CD » de CI/CD désigne la « Distribution Continue » ou/et le « Déploiement Continu », qui sont des concepts très proches, parfois utilisés de façon interchangeable. Les deux concepts concernent l’automatisation d’étapes plus avancées du pipeline, mais ils sont parfois dissociés, pour illustrer le haut degré d’automatisation. (source : RedHat)

*Le Patriot Act Americain, signé par George W. Bush le 26 octobre 2001, autorise les services de sécurité américain à accéder aux données informatiques détenues par les particuliers et les entreprises, sans autorisation préalable et sans en informer les utilisateurs (source : Wikipedia)