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Interview de Gilles Muller, Président du Groupe IES

15 janvier 2024

SDDS : Quel a été votre parcours professionnel jusqu’à votre prise de fonction actuelle, Président du Groupe IES.

Gilles Muller : J’ai été diplômé de l’école de management de Grenoble en 2003. Je suis entré dans le secteur bancaire en tant que chargé d’affaires entreprise, puis je suis passé directeur d’agence. Ensuite, je me suis expatrié en Afrique de l’Ouest, pour la Fondation Aga Khan, avec pour mission de créer des agences de microcrédit à travers toute l’Afrique de l’Ouest.

Basée au Burkina Faso, l’association intervenait aussi au Mali et en Côte d’Ivoire (où sévissait encore la guerre à l’époque), au Sénégal, au Ghana… toute l’Afrique de l’Ouest. Après cette mission, je suis revenu en France pour créer une société spécialisée dans l’accompagnement informatique des PME et en particulier dans le déploiement de logiciels financiers.

Puis j’ai intégré le GIE (futur Groupe IES), débauché par l’ancien Directeur Général. D’abord en tant qu’architecte des systèmes d’information pour accompagner la modernisation et le développement du socle d’architecture de notre logiciel et permettre au système d’information d’être interopérable. J’ai été nommé ensuite Directeur de projet puis Directeur Général. Et depuis le 20 mars 2023, je suis Président du Groupe IES.

Quel est le positionnement du Groupe IES et qu’est ce qui fait l’originalité de son offre ?

Nous avons plusieurs activités. Nous sommes éditeur de la solution ATENA. C’est un ERP dédié au monde médico-social, qui couvre des fonctionnalités de paye, de RH, de facturation, de gestion des activités de soins à domicile, de services d’accompagnement à domicile, de téléassistance, de portage de repas, de gestion de résidence senior, etc.

Notre marché est ciblé sur les seniors. Notre mandat est d’accompagner les structures associatives. Et depuis mars, nous pouvons accompagnons aussi les entreprises du secteur lucratif.

Nous avons entamé le processus de certification du Ségur de la Santé. C’est un programme national permettant d’identifier et trier sur le volet un certain nombre d’éditeurs conformes à la certification ou à l’agrément Ségur de la santé. Nous faisons partie de cette shortlist d’éditeurs référencés pour pouvoir proposer des services informatiques dans le secteur de la santé et du médico-social.

Pendant 22 ans, de 2001 à 2023, nous avons exercé en GIE, Groupement d’Intérêt Économique. Dans un cercle fermé, nous rendions des services informatiques à l’usage exclusivement réservé des adhérents. Les barrières à l’entrée étaient assez fortes, avec des critères de taille.

Nous sommes plutôt spécialisés sur des grosses associations aujourd’hui. Notre vocation est aussi de proposer nos services à des associations de toutes les tailles, petites et moyennes comprises. Pendant des années, nos services étaient exclusivement réservés aux adhérents. Ils représentent encore un groupe de 18 000 utilisateurs. Plus de 200 000 personnes âgées sont accompagnées quotidiennement par les équipes du groupe IES.

Éditeur est donc notre première activité. Ensuite, au fil du temps, nous sommes devenus hébergeur de données de santé. Nous fournissons à nos associations des solutions d’hébergement. Ce sont des infrastructures virtuelles dans le Cloud qui leur permettent de travailler au quotidien et d’avoir des espaces de stockage, des espaces bureautiques. Pour l’hébergeur de données de santé, l’enjeu est de préserver la confidentialité des données, particulièrement dans le secteur de l’aide à la personne et des soins à domicile. On héberge aussi des activités comme les Ehpads. La confidentialité des données de santé doivent être sécurisées de façon stricte. Cela nécessite de posséder des agréments de certification.

Troisième activité, nous sommes intégrateurs de solutions du marché. Nous sommes en charge de créer les interfaces et d’assurer l’interopérabilité avec les applications que l’on choisit et notre ERP.

Nous sommes aussi centre de formation Qualiopi. Nous prodiguons des formations auprès de nos utilisateurs, principalement autour des logiciels et de l’usage de l’informatique et du digital. Nos clients peuvent faire prendre en charge leur formation par leur organisme collecteur.

La dernière activité, et non des moindres, nous sommes centrale d’achat. Au fil du temps, nous avons formalisé des contrats cadres avec un certain nombre de prestataires qui nous permettent de bénéficier de tarifs privilégiés et permettre à nos associations de faire des économies. Or ce secteur est toujours à la recherche d’économies car les financements se réduisent au fil du temps.

Ainsi, tous nos clients peuvent bénéficier de tarifs sur des gros volumes négociés pour eux au sein de cette centrale d’achats. Ils peuvent s’inscrire dans des contrats cadres que nous négocions pour eux. Ils ne sont pas contraints de gérer tout le processus commercial de négociation et bénéficient de conditions préférentielles qui permettent à toutes ces structures associatives de faire des économies d’échelle sur l’achat de matériels et de services informatiques.

Nous n’excluons pas d’élargir ce périmètre pour enrichir notre catalogue. Centrale d’achats c’est le nom commun. Mais, en interne, on l’appelle « plateforme d’entraide économique ». Car c’est le lieu où des acteurs peuvent se réunir pour proposer leurs services à des prix plus intéressants pour les associations, partager des informations et promouvoir leurs solutions. Cela peut leur permettre de pénétrer des marchés qu’ils ne possèdent pas en dehors de la centrale.

Actuellement la majorité de vos clients sont des associations et non pas des entreprises du secteur privé ?

C’est bien cela.

En raison de la spécificité de votre clientèle, vous insistez sur votre engagement pour un « numérique durable ».

Au-delà du rapport avec cette typologie de clients, cet engagement est surtout en phase avec nos valeurs et notre histoire. Notre mandat a toujours été d’accompagner les associations le mieux possible, au moins sur le volet IT. Notre ADN est empreint de ces valeurs humaines, solidaires, d’entraides, de partage des richesses, qui sont celles des associations, mais aussi des entreprises à mission et de toutes celles qui relèvent de la sphère de l’économie sociale et solidaire.

Si vous avez adhéré à la SDDS, c’est davantage pour votre première mission, celle d’éditeur de logiciel ?

Nous avons adhéré à la SDDS pour pouvoir enrichir nos travaux de veille réglementaire et partager avec d’autres éditeurs les problématiques communes que nous avons, notamment par rapport au déploiement du socle réglementaire, à chaque fois qu’elles sont publiées, parfois soudainement. Pendant des mois, les choses sont en stand-by et s’en suit un branle-combat après publication pour adapter le logiciel et le mettre en conformité. Nous avons adhéré à la SDDS pour structurer et enrichir les travaux de veille réglementaire et partager avec les autres membres.

Ces échanges entre les membres et avec les instances gouvernementales prolongent cette notion de solidarité que vous promouvez.

Tout à fait. C’est dans la même philosophie.

Vous avez vu qu’il existe plusieurs groupes de travail…

Ce sont deux de mes collaborateurs qui participent aux groupes de travail de la SDDS et qui maîtrisent parfaitement notre module de paye. Ce sont des experts produits qui viennent enrichir leurs connaissances, leur expertise et alimenter la réflexion.

Comment percevez-vous les prochains enjeux concernant le secteur des services de la personne ?

Depuis des années, les choses se sont complexifiées. Nous rêverions d’une véritable démarche de simplification qui permettrait d’être plus efficient sur les productions des éléments de paye.

J’espère aussi que le cadre réglementaire va être un peu plus lisible pour mieux anticiper les évolutions et les adaptations dans les logiciels métier comme le nôtre.

La spécificité de paye de notre secteur est liée à la multiplicité des petits contrats, parfois d’un jour, à l’importance du temps partiel et à la modulation du temps de travail.

Est-il exact qu’il y a même des actes facturés au quart d’heure pour certains soins aux personnes âgées ?

C’est tout à fait vrai. Il y a des prestations qui sont faites dans des temps très courts. Ça peut aller de quinze minutes jusqu’à 4 h, toujours à l’acte.

Il y a aussi des problématiques de recrutement et de rémunération.

C’est aujourd’hui un des enjeux majeurs du secteur. Nous n’arrivons plus à recruter suffisamment de personnels pour répondre aux plans d’aide, aux demandes de prise en charge que nous avons.

Il y a un vrai problème de sous valorisation des métiers d’aide à domicile. Même dotés d’outils technologiques, cela reste un métier centré sur l’humain, qui nécessite une proximité d’intervention. Or, beaucoup de personnes n’ont plus envie d’exercer ce métier difficile, pas forcément payé à la hauteur de la complexité et des risques pris, comme on l’a vu encore pendant la Covid.

Ces personnes ont été la soupape de décompression des hôpitaux. C’est la raison pour laquelle ces activités ont été reconnues essentielles à la nation. Ces acteurs ont permis de conserver les personnes à domicile pour ne pas qu’ils viennent à l’hôpital se faire soigner. Les hôpitaux étaient fermés et réservés uniquement aux cas Covid.

On a beaucoup parlé de nos activités pendant la Covid. Nos intervenants ont été applaudis pendant toute la période. Mais une fois passée l’épidémie, ce rôle majeur que jouent les intervenants à domicile pour accompagner le secteur de santé a été quelque peu oublié. Et il y a de plus en plus de personnes âgées.

On parle beaucoup de la réforme des retraites afin d’assurer le paiement des pensions. Mais au-delà des retraites, le sujet est de savoir comment s’occuper de toutes ces personnes âgées, qui auront besoin d’accompagnement à domicile pour y rester le plus longtemps possible -c’est majoritairement le désir de toutes les personnes âgées- alors que les financements publics ne cessent de diminuer. Le nombre de clients potentiels augmente mais, en parallèle, les dotations baissent, notamment au secteur associatif pour accompagner ces personnes. Il devient difficile de recruter les personnels. A mon sens, il y a une certaine crise du secteur.

Afin que les membres vous connaissent davantage, pouvez-vous nous dire ce que vous aimez faire en dehors du travail. Quelles sont vos activités favorites, vos passions ?

En dehors de mon travail, ma première priorité est de m’occuper de ma famille, passer du temps avec eux. C’est important pour l’équilibre personnel. J’aime beaucoup le ski, les sports d’hiver. Je suis adepte de Val-Thorens, la station la plus haute d’Europe. J’aime passer aussi du temps dans la nature, en été, pour faire de la randonnée, m’aérer après des semaines de travail bien chargées !