Interview de Sylvain Heurtier, président de MaCompta.fr
15 mars 2024
SDDS : Pouvez-vous présenter votre parcours jusqu’à votre prise de fonction au sein de Macompta.fr ?
Sylvain Heurtier : J’ai 58 ans, j’ai trois enfants. Dans mon parcours, j’ai débuté par une maîtrise de comptabilité-finance à l’université de Paris-Dauphine. Une fois diplômé, j’ai travaillé quelques années comme auditeur chez Pricewaterhouse-Coopers. Ensuite, j’ai été directeur financier d’une société anglaise de minéraux industriels, qui fait partie maintenant du Groupe Imerys.
Au bout de ces 5 années d’expérience, j’ai décidé de créer mon cabinet d’expertise comptable et de commissariat aux comptes, en région parisienne, que j’ai dirigé pendant une vingtaine d’années.
Donc, les fonctionnalités de Macompta fr, vous avez souhaité les développer après plusieurs années d’expérience de cabinet comptable classique ?
La genèse de Macompta.fr remonte à 2007. Avec un de mes clients informaticien, nous avons élaboré un outil pour permettre aux clients du cabinet de faire de la pré-saisie comptable. L’idée directrice était de faciliter la collaboration entre l’expert-comptable et son client, éviter les ressaisies inutiles, faciliter l’exploitation du travail d’analyse du client et fluidifier la communication. Deux ans ont été nécessaires pour achever le parfait développement du premier module. A ce stade, cet outil était exclusivement destiné aux clients du cabinet.
Et puis, fort des premiers succès, on a ajouté des modules ! Par la suite, j’ai vendu mon cabinet pour me consacrer entièrement à Macompta.fr
En créant ce type d’outil, installé sur le Cloud, vous étiez en avance sur les tendances qui se sont développées par la suite.
Oui, je pense qu’en toute modestie, en 2007, il n’y avait pas beaucoup de personnes qui faisaient de la comptabilité sur le Cloud. Certains gros éditeurs avaient essayé de le faire. Mais à cette date, pour les petites entreprises, il n’y avait que peu d’acteurs sur le Cloud.
À cette époque, les clients étaient méfiants sur la possibilité de mettre ses données et ses logiciels sur Internet. Au démarrage, cela a été un frein. Maintenant, c’est l’inverse, ils n’ont pas confiance quand c’est installé sur leur PC !
En 2010, on a ajouté à la comptabilité un module « facturation », qui permet aux entrepreneurs de faire leur gestion commerciale, avec l’édition de devis, bons de livraison et factures. La gestion des immobilisations et des amortissements est arrivée en 2013. On a ajouté, en 2014, la liasse fiscale ; on est alors devenu partenaire EDI de l’administration fiscale. Et en 2014, comme notre offre était bien complète, l’entreprise a décollé.
En 2019, on a créé les fonctionnalités d’intégration bancaire, pour récupérer automatiquement les données bancaires dans la comptabilité, qui se traduit par un gain de temps et de sécurité.
En 2020, on a lancé un logiciel de paye, après 3 ans de développement. C’était audacieux. On connaissait les difficultés ; le début a été difficile mais les résultats sont là. Depuis cette date, on a développé des applis mobiles. Celle de la facturation, en 2021, qui permet d’utiliser notre module d’e-factures sur une appli. En 2022, on a lancé l’application « note de frais » qui permet de scanner ses notes de restaurant, ses indemnités kilométriques… pour transférer cela automatiquement en comptabilité.
Avec notre équipe de 40 personnes, nous arrivons à sortir beaucoup de fonctionnalités !
Je suppose que vous avez également des outils de reporting pour le client ?
En effet, dans le module comptable, vous avez un tableau de bord. A partir du moment où le client a saisi ses écritures courantes, il bénéficie immédiatement d’un tableau de bord avec le suivi de ses résultats, trésorerie et chiffre d’affaires.
Vous ciblez principalement les TPE.
Notre cœur de cible, c’est l’entreprise de moins de 20 salariés. C’est le segment de marché qu’on connaît et qu’on maîtrise. Nous sommes généralistes ; nos applications sont utilisées dans tous les secteurs d’activités. Nous nous adressons également aux experts-comptables qui sont à la recherche de solutions collaboratives avec leurs clients.
Êtes-vous déjà prêts pour la facture électronique ?
Nous avons des développeurs qui y travaillent. Il y a encore du travail aussi du côté de l’État !
Compte tenu des reports, cela nous laisse peu plus de temps pour finaliser notre outil. Pour nous, c’est un chantier stratégique, comme beaucoup d’éditeurs, puisque la facture électronique implique l’envoi de ces factures via les plateformes à ses clients. Mais également récupérer ces factures et les intégrer automatiquement en comptabilité. Donc, nous ne concevons pas l’avenir sans la facture électronique chez Macompta.fr !
Quels seraient les autres gros chantiers de l’année 2024 ?
Nous sommes également en train de développer un module comptabilité sur mobile. Nous étions déjà sur le web, sur la partie comptabilité, mais ainsi, nous avons tout un écosystème complet sur mobile avec la facturation, la comptabilité, les notes de frais.
Côté paye, aujourd’hui, nous avons une dizaine de dossiers modèles par secteur d’activités. L’idée, c’est de sécuriser encore plus le process de la paye. Comme on s’adresse à des utilisateurs qui sont des non-sachants, il faut sécuriser au maximum le process, en limitant les options inutiles.
De plus, nous avons un projet, sur lequel nous travaillons depuis un an, et qui devrait déboucher en 2024, c’est la refonte de notre interface pour la mettre au dernier goût du jour.
Enfin, dans les événements 2024, en mars, on devrait être introduit sur Euronext Access. Ça fait partie des échéances importantes pour nous.
Quel est votre objectif en étant sur l’Euronext ?
Il y a plusieurs objectifs. Au départ, c’était de l’actionnariat salarié. Nous avons un dispositif d’intéressement aux bénéfices, mais on voulait aller plus loin et donc que nos salariés deviennent actionnaires.
Je me voyais mal donner des actions aux collaborateurs sans qu’ils en connaissent la valeur et qu’ils puissent les vendre. Donc l’actionnariat salarié, c’était la première motivation. Puis, en rencontrant les gens de la bourse, nous nous sommes rendu compte que c’était un levier pour gagner en notoriété. Et cela permet aussi d’avoir plus de liquidités sur le titre, si des actionnaires historiques veulent sortir (a priori, ils ne sont pas très motivés par la sortie).
Actuellement, nous autofinançons complètement notre croissance. Nos résultats sont équilibrés. Mais, pourquoi pas, d’ici deux ou trois ans, faire un appel au marché pour de nouveaux projets de croissance ?
La création de la fonction paye chez Macompta.fr remonte à 2020. Est-ce à ce moment que vous avez découvert la SDDS ? Ou la connaissiez-vous avant ?
J’en ai entendu parler dans le cadre de groupes de travail, qui étaient animés par Thierry Hardion. J’ai constaté que la SDDS était un acteur important dans les échanges avec le gouvernement. Côté facturation électronique, avec ces groupes de travail, nous étions bien informés. Côté paye, on sentait qu’on n’était pas suffisamment informés. C’était obscur.
Nous sommes ravis d’intégrer la SDDS et je remercie le président, le trésorier et l’ensemble du bureau pour leur accueil. La SDDS va nous apporter des informations précieuses sur ces sujets, sur ce qui va arriver. Et pour nous, c’est important de pouvoir participer à ces échanges et, on l’espère, apporter notre contribution au débat, avec notre point de vue orienté TPE.
Souvent, dans ces groupes de travail, les grands groupes sont bien représentés. Par contre, le point de vue des TPE, pas forcément très bien, notamment sur les sujets de simplification.
Donc, vous allez certainement participer à quelques groupes de travail ?
C’est notre souhait. Nous allons voir dans quels groupes de travail s’inscrire.
En dehors de votre travail, à quoi occupez-vous votre temps libre ?
Je fais de la voile ! Car Macompta.fr est basé à La Rochelle, c’est une belle cité maritime. Après avoir vendu mon cabinet, en région parisienne, je me suis dit que c’était l’occasion de changer de lieu de travail. Donc nous sommes venus à La Rochelle. ça fait très longtemps que je fais de la voile.
Je suis aussi un peu musicien. Je fais du piano, chez moi, et quand je suis sur mon bateau l’été, je joue de l’harmonica. Parce qu’un piano, ça prendrait de la place sur un bateau ! J’en profite pour passer un message : je cherche un guitariste.