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David lescure

Interview de David Lescure, Président de GHS

17 juillet 2023

SDDS : M. David Lescure, merci de nous accorder cette interview. Je vous propose de débuter par votre parcours professionnel qui vous a conduit à la présidence de GHS que vous occupez aujourd’hui. Vous possédez une formation d’ingénieur, vous avez fait Mines et Polytechnique…

David Lescure : J’ai une formation d’ingénieur en effet mais je n’ai pas avancé selon un plan de carrière tout tracé, davantage selon mes envies du moment. Ma dernière expérience significative, avant de reprendre GHS, était Qare (NDLR : l’actuel leader de la téléconsultation médicale en France, voir Qare.fr). Je me suis épanoui dans le secteur Tech que je connaissais déjà, puisque j’avais fait précédemment du e-commerce. Qare a bien fonctionné et pour mon projet suivant, je ne voulais pas repartir de zéro, car cela réclame énormément d’énergie (la phase où on était 5 dans un garage n’est pas celle qui m’a la plus intéressée ! On passe trop de temps sur des tâches qui n’ont pas de valeur ajoutée).

Et Qare a été cédée ?

Oui, j’en suis sorti. Ça a été revendu à un consortium européen de santé qui agrège différents outils. Tous mes associés sont partis, donc je n’ai plus trop de contacts, mais je suis content que ce soit une réussite et d’entendre des gens dire « Je connais, j’utilise ».

Et puis GHS ensuite. Comment s’est effectuée cette nouvelle étape dans votre parcours professionnel ?

Je me suis demandé : « Pourquoi ne pas reprendre une entreprise existante, une belle endormie ». Une société qui fonctionne déjà bien, avec des collaborateurs et du potentiel. J’ai souhaité orienter mon projet de reprise dans le domaine technologique, rester dans le secteur de l’édition de logiciels que je connaissais déjà. Pour y parvenir, j’ai fait un choix peu classique. En France, mais aussi dans la plupart des pays, si vous voulez reprendre une entreprise, vous le faites avec votre argent -mais là, je n’avais pas assez d’argent pour reprendre GHS- ou bien vous faites appel à un fond d’investissement…  et le fond possède 90% du capital ! Donc, ce n’est pas vraiment votre société.

Peut-être avez-vous entendu parler du système de SPAC (Special Purpose Acquisition Company). Les SPAC sont des véhicules cotés qui n’ont pas d’autre propos que de reprendre une boîte. Moi, j’ai fait un SPAC, mais non coté, beaucoup plus petit, pour reprendre une PME. J’ai constitué, en amont de mes démarches, un groupement de 23 investisseurs associés. Des entrepreneurs français et d’anciens entrepreneurs, quelques Espagnols aussi, un ou deux Anglais. Et ils ont parié sur moi pour trouver et reprendre une entreprise.

Vous aviez donc trouvé vos partenaires investisseurs. Il vous restait à trouver la bonne société.

J’ai commencé à chercher et j’ai rencontré Gilles, le fondateur et le dirigeant historique de GHS. Il l’avait créé en 1983 et souhaitait partir à la retraite. C’est un contexte idéal, parce la personne part de la société pour de bonnes raisons. La société fonctionne bien mais on souhaite garantir la pérennité d’un état d’esprit, la sécurité de ses salariés, la préservation de la qualité du service auprès de ses clients. L’idée de développer dans les pas de Gilles me convenait parfaitement.

On s’est tout de suite bien entendus. Il y a de belles valeurs chez GHS (pas de celles seulement affichées sur les murs, comme dans certaines entreprises !). Dans une boîte qui a 40 ans, les valeurs existent de facto par la force de l’histoire. C’est une entreprise sociale, qui prend soin de ses collaborateurs et qui est attentive à la pérennité de la relation. Les salariés restent longtemps, les clients aussi ! GHS a aussi toujours su s’adapter aux évolutions réglementaires et technologiques, tout en préservant un lien étroit avec ses clients. Autant d’éléments qui m’ont fait aimer GHS et nous avons fait affaire.

Equipe david lescure web

Cette société possédait combien de salariés quand vous l’avez repris ?

Ils étaient 30 quand je suis arrivé il y a bientôt deux ans. Maintenant, on est une petite quarantaine. J’ai surtout étoffé la partie « développeur », qui était artisanale. J’ai souhaité faire avancer le socle technique et innover sur les produits qu’on propose au-delà de la paie.

Actuellement, vous avez une spécialisation dans le spectacle vivant et l’audiovisuel.

En effet. Le produit est spécialisé pour gérer facilement des contrats courts et des entrées-sorties en masse. Et il y a un important savoir-faire en interne sur les intermittents. Mais qui peut le plus peut le moins : donc le produit traite aussi des contrats permanents. Nous développons également des savoir-faire sur d’autres secteurs, notamment HCR, les instituts de formation, les instituts de sondage ou les MJC, etc. L’idée, c’est d’enrichir le logiciel de fonctionnalités qui permettent de remplir les besoins de ces secteurs là et nourrir aussi notre savoir-faire. On veut garder nos clients en spectacle vivant audiovisuel et aller au-delà. Pour cela, il faut des développeurs.

Peut-être pousser cette spécialisation dans tous les contrats très courts ?

Oui, exactement. Ce sont des secteurs où, en point commun, il y a des contrats courts, mais la proportion n’est pas la même. Nous avons des clients dans le spectacle vivant qui ont que des intermittents. Mais pour un restaurant par exemple, il y a des extras, mais aussi des CDD de 6 ou 9 mois et puis aussi des permanents. Cela existe aussi dans l’événementiel, les prestataires techniques….

On imagine bien tous les secteurs qui peuvent vous intéresser pour développer votre marché.

Oui et on enrichit aussi le socle historique de la paie avec des nouveaux services autour.

A quand remontent vos premiers contacts avec la SDDS ?

Cela s’est fait rapidement après mon entrée chez GHS, en septembre 2021, avec le petit-déjeuner des présidents. Donc deux mois après mon arrivée, j’assistais à cette réunion avec Drissia, une de mes associées, qui est chez GHS depuis 20 ans et qui connaît la paie et le produit par cœur. Elle m’a un peu guidé sur le sujet. J’ai commencé à faire connaissance avec mes « petits camarades » de la SDDS.

Depuis, j’ai fait un deuxième petit déjeuner et assisté à l’AG de juin 2023. J’ai pu voir tous les sujets qui se traitaient. Pour nous, la SDDS est très utile. Cela nous permet d’être en avance de phase sur toutes les évolutions réglementaires, d’anticiper, d’échanger, de diviser la charge de travail pour défricher et comprendre les textes. Au-delà de l’avantage d’être en avance de phase, d’accéder à des informations, cela nous prendrait un temps considérable si nous étions seuls. Là, on a des groupes de travail dédiés. Drissia participe au groupe de travail social. Pour ma part, je me suis inscrit récemment au groupe de travail fiscal. Je trouve très intéressante la manière dont sont traités les sujets.

Au sein de la SDDS, chacun porte son expertise. Tout le monde est de bonne volonté. Pour un petit éditeur comme nous, qui n’a pas forcément les moyens d’avoir une importante équipe de veille, c’est extrêmement utile. Et en même temps, on est content d’apporter notre pierre à l’édifice sur des sujets spécifiques comme les contrats courts, les extras, les intermittents. C’est un sujet où les autres éditeurs n’ont pas forcément autant d’expertise que nous. C’est un échange de bons procédés.

Dernier point important, c’est le poids de l’association maintenant. Sa représentativité lui permet de taper du poing sur la table s’il le faut. Quand des réformes s’engagent mal et que tout le monde s’accorde pour dire que c’est impossible à faire dans les temps impartis, cela permet collectivement d’avertir les pouvoirs publics en disant : « Attendez, il y a un problème. Il faut décaler des échéances ou revoir le cahier des charges ». C’est tellement utile ! On n’est plus isolés. C’est quasiment le principe d’un syndicat.

SDDS : Votre expérience vous a donc conforté dans l’idée que GHS avait eu raison d’adhérer à la SDDS.

Oui, je ne vois pas comment on pourrait s’en passer aujourd’hui. Et GHS était dans les premiers adhérents, du fait de notre expertise historique, qui manquait dans le puzzle des compétences.

SDDS : Plus généralement, comment ressentez-vous les prochains enjeux dans votre secteur d’activité ou plus spécifiquement pour GHS, pour ce second semestre 2023 ?

L’enjeu principal, c’est la facturation électronique. GHS n’est pas concerné en tant qu’éditeur parce qu’on ne fait pas de facturation. Mais à ce stade, tel que je le perçois, il y a un manque de communication. C’est à dire que si vous parlez à votre boulanger -qui est bien entendu concerné par l’affaire- et que vous lui parlez de facturation électronique, au mieux, il va vous dire « Oui, il faut que je fasse un PDF. » Alors que ce n’est pas du tout ça ! Il y a un gros sujet pour éduquer le grand public et je pense que les échéances vont être un peu courtes.

Sur le social, certes le montant net social nous occupe au mois de juillet et nous occupera pendant les 12 mois à venir, mais on ressent une période calme maintenant. Pendant le Covid, ça a été très dur pour tous les éditeurs et les équipes. Il y a eu une charge énorme de travail et pour l’accompagnement des clients. Nous avons fait face à un foisonnement de nouvelles mesures. Et avant ça, il y a eu le prélèvement à la source, la DSN. Nous avons connu de gros changements structurels dans la partie sociale.

Il y a bien sûr toujours des petites évolutions actuellement mais nous constatons que nous avons davantage de temps qu’avant pour étudier des sujets de fond, notamment la transition technique. Donc, qu’il n’y ait plus l’envie ou le besoin de mener soudainement de nouvelles réformes majeures et structurelles sur la gestion sociale nous convient très bien. Le prélèvement à la source a été une très belle réussite mais c’était aussi beaucoup d’effort. Cela avait monopolisé énormément nos forces vives. On vit une période de « calme relatif ».

SDDS : Dans cette interview, nous aimons bien parler des hobbies des membres. J’ai appris que vous jouiez dans l’équipe de rugby de Polytechnique ?

Oui, j’ai joué au rugby pendant une dizaine d’années, en tant que demi d’ouverture. J’ai commencé à l’X et après, j’ai joué un peu partout où je suis allé. J’ai joué au PUC et aussi en deuxième division quand j’étais en Suisse. Mais ça fait dix ans que j’ai arrêté.

SDDS : Vous faites d’autres sports maintenant ?

Je fais de la montagne, d’où mon investissement dans Samaya, une entreprise spécialiste de l’équipement de montagne, située à Annecy. C’est un peu comme pour GHS, ils sont sur une niche et ils étendent leur gamme de produits. Ils font des tentes, vraiment 4 saisons, donc aussi pour l’hiver. Ce sont des tentes qui résistent à des vents très forts, à des précipitations énormes et qui peuvent être utilisées pour des expéditions en très haute montagne. Je n’en suis pas à ce niveau-là, mais je vais beaucoup à la montagne pour y faire du ski de rando, de l’alpinisme, du ski alpin, de l’escalade. J’aime beaucoup ça. C’est un sport un peu moins risqué que le rugby. Disons qu’on est moins bousculés ! Vous ne risquez pas de vous casser la clavicule parce que quelqu’un, qui fait 40 kilos de plus que vous, a décidé de vous rouler dessus !

SDDS : Vous avez toujours été un grand sportif. Vous avez été sapeur-pompier de Paris.

Quand vous faites Polytechnique, vous signez un contrat de quatre ans avec l’armée. La première année, c’est le service militaire. J’ai demandé et obtenu de faire mon service à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. J’ai fait quasiment un an là-bas. Ce sont des expériences incroyables en termes d’adrénaline et aussi au niveau social.

J’étais en caserne à Saint-Denis, donc c’était un peu chaud. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais à l’époque, deux jeunes de Clichy, pour fausser compagnie à la police, s’étaient réfugiés dans un transformateur et malheureusement avaient péris. C’était fin octobre 2005 et en novembre, des émeutes se sont déclenchées et j’étais là à ce moment-là. Cela fait résonnance avec les événements récents. À l’époque, j’avais 20 ans, donc je voulais de l’action, j’ai été servi. J’ai adoré ça et je pense que ça me plairait de nouveau. D’ailleurs, j’ai entamé des démarches pour être réserviste.