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Interview de Thomas de Priestere, cofondateur de Linc

08 octobre 2025

SDDS : Vous êtes le cofondateur de Linc. Quel a été votre parcours avant de lancer cette aventure ?
Thomas de Priestere : Cela fait treize ans que je travaille dans le domaine de la paie, un univers que j’ai découvert un peu par hasard… et dont je suis tombé passionnément amoureux. Ce qui me plaît dans la paie, c’est qu’elle raconte une histoire : c’est le reflet permanent de la société française et de ses évolutions politiques, sociales, économiques. Chaque réforme laisse une trace dans le bulletin de salaire mais aussi dans la mémoire des français.
J’ai débuté comme gestionnaire de paie en cabinet comptable, puis j’ai exploré le conseil, avant de rejoindre l’univers du logiciel. En 2014, j’ai suivi la mise en oeuvre de la DSN chez Sage. En 2016, j’ai intégré Payfit à ses débuts, où j’ai dirigé le service client dédié aux experts paie. C’est là que j’ai rencontré Baptiste, mon associé chez Linc. Il était directeur commercial France chez Payfit et disposait d’un profil très complet : business, vision marché et solide culture technique. Ensemble, nous avons cofondé Linc en mai 2024 avec une ambition forte : créer un logiciel innovant à destination des professionnels de la paie.

SDDS : Quel est le positionnement de Linc sur le marché des logiciels de paie ?
Thomas de Priestere : Nous avons conçu Linc comme un outil pensé par et pour les experts de la paie, avec un objectif clair : allier fiabilité, productivité et expérience utilisateur. Dès septembre 2024, notre premier moteur de paie était fonctionnel. En janvier 2025, nous avons produit nos premiers bulletins réels : 175 bulletins pour 14 sociétés via nos premiers cabinets partenaires. En 2025, nous restons dans une logique de co-construction pour améliorer le produit avec une quinzaine de cabinets partenaires. Ils ont aujourd’hui une cinquantaine de dossiers sur Linc pour 1000 bulletins chaque mois. En 2026, nous allons intégrer des nouvelles CCN et permettre à plus de cabinets de tester Linc.
Linc ne s’adresse pas aux dirigeants de TPE ou PME directement, mais bien aux professionnels – cabinets comptables, gestionnaires de paie – qui cherchent un outil fiable, moderne et pensé pour leurs besoins métier. Notre approche repose sur l’idée que la paie est un métier d’expertise, trop complexe pour être confiée à n’importe qui.

SDDS : Que proposez-vous de nouveau sur un marché déjà bousculé par de nombreux acteurs ?
Thomas de Priestere :
Une exigence de lisibilité et de fiabilité. C’est notre socle. Chaque mois, nos bulletins sont audités par un ancien contrôleur URSSAF. L’objectif est de détecter les moindres écarts, d’ajuster notre moteur et d’atteindre une qualité irréprochable.
À cette fiabilité, nous ajoutons une expérience utilisateur moderne et une productivité accrue : moins de saisies manuelles, plus d’automatisation, une connectivité fluide avec les autres outils RH et comptables, et une interface pensée pour optimiser le travail quotidien des gestionnaires.

SDDS : Comment intégrez-vous l’intelligence artificielle dans votre outil ?
Thomas de Priestere :
La paie, dans son cœur mathématique, ne nécessite pas d’IA. Elle repose sur des règles précises, des calculs rigoureux. En revanche, l’IA est un formidable levier de productivité. Nous avons construit Linc pour qu’il puisse intégrer l’IA : traçabilité complète des calculs, structuration des données, priorisation des tâches, aide à la relation client, génération de textes explicatifs. Mais pas question de sacrifier la fiabilité sur l’autel de l’automatisation. Aujourd’hui, l’IA est utilisée ponctuellement pour du paramétrage, mais l’architecture est prête à accueillir des usages plus poussés.

SDDS : Quelle est votre vision du marché actuel des cabinets comptables ?
Thomas de Priestere :
Les cabinets vivent une transformation profonde. Facturation électronique, nouvelles obligations légales, intégration de l’IA… Ils doivent repenser leur fonctionnement, évoluer vers des missions de conseil. La paie n’échappe pas à cette mutation.
Mais changer d’outil de paie n’est jamais anodin : tant que la fiabilité est là, beaucoup préfèrent rester sur un système imparfait mais maîtrisé. C’est pourquoi chez Linc, nous faisons de la fiabilité notre promesse numéro un. Le marché est très réceptif : tous les cabinets que je rencontre sont en veille active, curieux des solutions émergentes. Notre objectif est de les accompagner dans ce virage technologique, en leur apportant un outil simple, fiable et puissant.

SDDS : Pourquoi avoir adhéré à la SDDS dès le début de votre aventure ?
Thomas de Priestere :
Deux raisons à cela. La première, c’est le besoin de faire partie d’un collectif. On est peu nombreux à parler paie avec autant de passion… alors quand je peux échanger avec mes pairs, je fonce !
La seconde, c’est la nécessité d’anticiper les changements réglementaires. La paie évolue sans cesse, et pour rester fiable, il faut toujours avoir un coup d’avance. La SDDS joue ce rôle d’interface, de veille, de lobbying constructif. Elle permet aussi de contribuer à la lisibilité des futures réformes.

SDDS : Envisagez-vous de rejoindre un groupe de travail ?
Thomas de Priestere :
Absolument. Celui sur la rétroactivité et ses impacts sur la DSN m’intéresse tout particulièrement. En lançant Linc, j’ai dû moi-même me plonger dans le cahier technique de la DSN, et c’est un univers complexe. Participer à ce groupe me permettra à la fois de mieux comprendre les enjeux et de contribuer activement.

SDDS : Quels sont vos objectifs pour les mois à venir ?
Thomas de Priestere :
À court terme, nous continuons à consolider notre produit avec nos cabinets partenaires. Notre moteur fonctionne, mais il reste encore beaucoup à faire : enrichir les fonctionnalités, développer l’automatisation et surtout étendre notre couverture conventionnelle. Aujourd’hui, nous gérons la convention Syntec, mais nous préparons d’autres conventions pour 2026.
À moyen terme, notre ambition est claire : faire de Linc l’outil de référence des cabinets, capable de gérer toutes les typologies de dossiers, avec une expérience fluide, une fiabilité maximale et une intégration complète à l’écosystème RH-compta.
À long terme, je suis convaincu que la paie ne se simplifiera pas. Bien au contraire. Ce qui justifie l’existence d’acteurs comme nous. Et je crois profondément que l’externalisation va s’amplifier, notamment dans les TPE-PME, face à la montée en puissance des contrôles automatisés (URSSAF, DGFiP, etc.). Les entreprises auront besoin de s’appuyer sur des experts, bien outillés.

SDDS : Et en dehors de la paie, quelles sont vos passions ?
Thomas de Priestere :
L’histoire, d’abord. Une passion d’enfance que j’entretiens à travers lectures et documentaires. Ensuite, le sport. J’aime le foot – un bon match des Bleus me fait vibrer – mais aussi le sport collectif en général. J’essaie de garder du temps pour le pratiquer, tôt le matin ou le soir, en mode défouloir entre amis.